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saire la psychologie; car l'homme trouve Dieu dans le sanctuaire de l'âme, et ses devoirs envers l'Être Suprême ont pour mesure les bienfaits qu'il en a

reçus.

La psychologie doit donc précéder la logique, et la morale avec la théodicée doivent prendre place après la psychologie sans laquelle elles manqueraient de base.

Quant à l'histoire de la philosophie, il est clair qu'elle ne serait qu'une nomenclature obscure, une énigme fatigante, si la science philosophique ne l'éclairait de son flambeau ; la philosophie est le seul guide qui puisse diriger l'esprit dans le labyrinthe de l'histoire de la philosophie.

PSYCHOLOGIE.

IV.

1. Objet de la Psychologie. 2. Nécessité de commencer l'étude de la Philosophie par la Psychologie. 3. De la conscience et de la certitude qui lui est propre.

1. Objet de la Psychologie.

La Psychologie a pour objet de constater tous les phénomènes de l'âme et d'en découvrir la loi.

Ces phénomènes se constatent par l'observation, comme les phénomènes du monde physique; mais le sens qui les saisit n'a point d'organe matériel comme les sens qu'on appelle physiques, à cause des appareils organiques à l'aide desquels ils se font jour sur le monde extérieur, et de la nature des objets que l'âme saisit par l'entremise de ces organes. Ce sens s'exerce intérieurement, ou plutôt c'est l'âme elle-même prenant directement connaissance de son propre état. La faculté que l'âme possède de se connaître ellemême ou la vue intérieure, se nomme conscience ou sens intime.

On a protesté contre l'observation intérieure en demandant comment l'âme pouvait se contempler, et en l'assimilant à l'œil qui peut tout voir excepté lui-même. C'est être dupe d'une métaphore que de

prendre cette proposition pour un argument. D'ailleurs l'œil ne voit pas plus les autres choses que luimême, l'œil ne voit rien, il est organe et non sens, il sert, selon le système qu'on adopte, ou à livrer passage à l'image du corps pour arriver à l'âme, ou à l'âme pour arriver au corps. Si l'impossibilité de connaître le comment de la vue intérieure était un argument valable contre cette vue même, il faudrait étendre la conclusion à la vue extérieure, car nous ne savons pas mieux comment nous voyons le dehors que le dedans. Nous verrons plus tard que cette impuissance de comprendre la vue du monde extérieur a fait imaginer l'hypothèse des espèces intermédiaires que l'esprit verrait en lui-même; mais si l'esprit ne peut voir le monde extérieur qu'en lui et qu'il ne puisse se voir, il s'en suit logiquement que toute vue est impossible: conclusion absurde, mais inévitable, si au lieu de prendre le fait comme point de départ on entreprend de le discuter. Le comment de la vue intérieure est un problème insoluble, mais la vue intérieure n'en est pas moins un fait incontestable; car non-seulement le moi pense, sent et agit, mais il sait qu'il agit, qu'il sent et qu'il pense; or, comment le saurait-il, s'il ne possédait pas le don de se contempler lui-même ?

2. Nécessité de commencer l'étude de la Philosophie par la Psychologie.

La psychologie doit être le début de la science philosophique. Avant tout, l'existence du moi est le seul

fait que le doute ne puisse pas ébranler: tous les efforts du scepticisme échouent contre cette barrière. On peut bien ébranler dans l'esprit la croyance à Dieu et au monde extérieur; mais jamais le moi n'arrivera à douter de lui-même, quelque bonne volonté qu'il y mette et quelle que soit la puissance des arguments qu'on lui oppose. L'existence personnelle est donc la base inébranlable, et par cela même le point de départ légitime de la science : je pense; donc, j'existe.

En second lieu, puisque l'âme humaine est le principe de toute connaissance, et que c'est par elle que nous sommes en rapport avec la nature et avec Dieu, il faut, pour constater la légitimité des notions qu'elle contient, examiner ses titres à notre confiance; et pour cela il est nécessaire de l'étudier dans ses opérations et dans ses divers états.

Il serait peu raisonnable de s'aventurer dans l'étude de la nature et de son principe, sans savoir au préalable si l'instrument de ces recherches peut conduire à la vérité.

En outre, l'âme unie au monde physique par les organes dont elle dispose, et par l'intelligence au monde invisible, tenant à tout, doit donner le secret de tout, si elle livre le sien.

L'étude de l'âme humaine doit donc précéder toute autre étude, puisque le moi est le fait primitif le moins incontestable et le plus facilement abordable, et que d'ailleurs le mot de cette grande énigme renfermerait celui de toutes les autres. Le secret de l'homme et de la nature est en Dieu seul, comme ce

lui de Dieu et de la nature est dans l'homme : connaître le tout d'une seule chose, ce serait connaître le tout de toute chose.

3. De la Conscience et de la Certitude qui lui est propre.

La Conscience est, comme nous l'avons dit, le sens intime, la vue intérieure, c'est-à-dire la vue des phénomènes dont l'âme est le sujet.

On donne ordinairement le nom d'interne à tout ce qui est identique au sujet connaissant, et le nom d'externe à tout ce qui ne lui est pas identique. Ainsi, la connaissance, le sentiment ou l'émotion et le mouvement de la volonté, sont des faits internes, des phénomènes psychologiques qui tombent sous la conscience: ces faits sont subjectifs; les faits extérieurs, quelle qu'en soit la nature, matériels ou immatériels, physiques ou métaphysiques, sont objectifs. Ces mots d'objectif et de subjectif, que la langue philosophique paraît avoir adoptés, remplacent heureusement les noms d'interne et d'externe. On emploie aussi dans le même sens, le moi et le non-moi ; il y a donc synonymie rigoureuse entre ces mots, l'interne, le subjectif et le moi, comme entre l'externe, l'objectif et le non-moi il faut remarquer toutefois que dans le fait de l'observation interné, l'objectif et le subjectif se confondent, puisque l'âme est en même temps le sujet observant et l'objet observé.

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La certitude qui naît des faits de conscience est absolue, parce qu'elle résulte de l'identité du sujet et de l'objet. Descartes a dit, avec raison, autre chose

G. Philos.

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