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Tiré à 300 exemplaires.

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FORCES NON DÉFINIES

RECHERCHES

HISTORIQUES ET EXPÉRIMENTALES

par

ALBERT DE ROCHAS

Ancien élève de l'Ecole polytechnique,

Correspondant du Ministère de l'Instruction publique
pour les travaux historiques.

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Phil 6687.6.9

Phil 668

HARVARD COLLEGE LIBRARY

DEGRAND FUND

Sept. 10,192.5

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D

E quelque côté que nous portions nos yeux nous trouvons le mystère. Depuis le gland que nous foulons aux pieds et dont le germe microscopique renferme l'essence nonseulement du chêne gigantesque qu'il va produire, mais encore des milliers de chênes tous semblables qui en sortiront ensuite, jusqu'au rayon de l'étoile traversant pour nous arriver des espaces incommensurables à l'aide d'une substance que nous ne parvenons pas même à concevoir, tout dans la nature est l'inconnu pour nous, dès que, sortant de l'observation des faits, nous voulons chercher au-delà des causes prochaines et ne point prendre les mots pour des explications.

Ils sont nombreux cependant les esprits superficiels pour qui rien ne peut se produire, par le jeu des forces naturelles, en dehors des faits observés depuis longtemps, consacrés par les livres et grou-. pés plus ou moins habilement à l'aide de théories

dont la durée éphémère devrait cependant bien démontrer l'insuffisance (1).

Quand un phénomène insolite parvient à leur connaissance, les uns le nient (2), les autres le rapportent à des puissances divines ou diaboliques. Il en a été ainsi dans tous les temps. L'Eruditum vulgus de Pline subsiste encore et jamais il n'a ménagé la raillerie ou l'anathème à ce qui ne cadrait point avec son enseignement.

Je ne prétends point contester la possibilité d'êtres invisibles, d'une nature différente de la nôtre. et susceptibles d'actionner la matière. De profonds philosophes l'ont admise à toutes les époques comme conséquence de la grande loi de continuité qui régit l'univers. Cette vie intellectuelle, que nous voyons en quelque sorte partir du néant et arriver graduel

(1) Les fluides électrique, magnétique, calorifique, lumineux que l'on admettait au commencement de ce siècle comme supports de l'électricité, du magnétisme, de la chaleur et de la lumière, n'ont certes pas, aux yeux des physiciens de nos jours, plus de réalité que les quatre éléments, eau et terre, air et feu, inventés autrefois au temps des Ioniens et au temps de Platon pour correspondre à la liquidité, à la solidité, à la volatilité et à la combustion. Ces fluides supposés ont même eu dans l'histoire de la science une existence plus brève que les quatre éléments; ils ont disparu en moins d'un siècle et ils sont réduits à un seul, l'Ether, auquel on attribue des propriétés imaginaires et parfois contradictoires. Mais déjà l'atôme des chimistes, l'éther des physiciens semblent disparaître à leur tour par suite de conceptions nouvelles qui tentent de tout expliquer par les seuls phénomènes du mouvement. BERTHELOT, Origines de P'Alchimie, p. 319.

(2) Quand nous nous trouvons en présence d'un phénomène, nous ne pouvons dire que ceci : Je comprends ou je ne comprends pas. Notre raison n'a rien ni à nier ni à affirmer, lorsque notre intelligence ignore. Si, ne pouvant expliquer un fait, nous affirmons qu'il est surnaturel, nous parlons au hasard, comme les aveugles parlent de couleurs. (Dr CHARBONNIERDEBATTY, Maladies et facultés diverses des mystiques.)

Le rôle le plus sage de l'homme, c'est de constater, par l'étude des faits, ce qui a une existence réelle, et, une fois cette constatation faite, d'en admettre l'objet, que nous le compre

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