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We certainly have found no such difficulty, although we somewhat incline to acquiesce in the rest of the portrait. His copiousness no man can deny. Fourteen or more volumes are, we were about to say, a living proof of his talent for words. His frivolity was the effect of his French temperament and education; his good temper he owed to the same causes. As to his defeat in the tender sentimentalism of love, however little we may be inclined to sympathise with the critic in his complaints of its deficiency in Dorat-the fact is undoubtedly true. It cannot be denied, that disgusted with the over-scrupulousness of the rigorists of his day-for such were not wanting in Paris, however the contrary opinion may prevail-he rather slid into the opposite extreme, and felt inclined to declare with Helvétius, "qu'il n'y avait de bon en amour que le physique." His poems of gallantry are very much like running comments on that text; and there is no more frequent object of his censure and ridicule, than the system of feminine morals which then prevailed. Of the "riens charmans"-which mean, in fact, the author's works-we shall take the liberty of speaking at some length.

Our business, however, even here, shall be rather confined to making a very few of the best extracts from the best of his writings, than to the criticism of their merits. That may be safely left to the reader, who will, perhaps, be more candid, and whose observations are sure to possess the recommendation of pleasing himself.

The principal work of Dorat is a poem on Theatrical Declamation;-a term to which our readers must give a little more latitude than usual, and which in fact is made, in this instance, to include the whole of dramatic exhibition. It is by far the most elaborate, as well as the most polished, of our author's numerous productions. The poem is divided into four cantos: the first comprising rules for tragic; the second, for comic acting; the third, embracing the operatic; and the fourth, the choric, or the art of dancing. We shall not follow our author through his numerous rules for the conduct of the head, voice, arms, and feet, in their different departments; our selections will be made rather with a view to their poetic, than their didactic merits.

The opening conceit-for there is much of the conceit about it, in spite of its ingenuity-is marked by great force and vivacity:

"Dans ses jeux instructifs la Fable respectée
Nous vante les talens du mobile Prothée,
Qui, possesseur adroit d'innombrables secrets,
Changeoit, en se jouant, sa figure et ses traits;

Tantôt, aigle superbe, affrontoit le tonnerre;
Tantôt, reptile impur, se traînoit sur la terre;
Arbre, élevoit sa tige; onde, ou feu dévorant,
Petilloit dans les airs, ou tomboit en torrent;
Rouloit, tigre ou lion, sa prunelle enflâmée,
Et, près d'être saisi, s'exhaloit en fumée;
Le vrai vous est caché sous ce voile imposant.
Quel étoit ce Prothée ? un acteur séduisant,
Qui de son art divin possédoit la science,
De chaque passion distinguoit la nuance,
Déployoit d'un héros l'essor impétueux,
Peignoit la politique et ses plis tortueux,

D'un tendre sentiment développoit les charmes ;
Là, frémissoit de rage; ici, versoit des larmes,
Ou faisoit dédaigner, par tous les spectateurs,
Le songe de la vie et celui des grandeurs."

The description of the trickery of Proteus is old; but we do not remember any similar use of it in the way of metaphor. The following is both judicious advice and fine writing:

"Le jeu muet encore veut une étude à part:

Il est et le triomphe et le comble de l'art.
C'est là que le talent paroît sans artifice,
Et que toute la gloire appartient à l'actrice.

Il faut, pour le saisir, savoir l'ouvrage entier,

En suivre les ressorts, et les étudier :

Réunir, d'un coup d'œil, tous les traits qu'il rassemble,
Et ces effets cachés qui naissent de l'ensemble.
Tel, dans tout ce qu'il trace, un peintre ingénieux
Doit chercher des couleurs l'accord harmonieux.
Laissez donc la routine aux actrices frivoles ;
Sachez approfondir et raisonner vos rôles."

This shews considerable study of the theatric art, which, indeed, the author exhibits upon all occasions; and on none more than in the detection of those very minute defects which so frequently destroy the illusion of good acting; as, for instance, in the following advice to a popular actress:

"Que jamais vos regards n'aillent furtivement
Mendier la faveur d'un applaudissement.
Le public dédaigneux hait ce vain artifice;
Il siffle la coquette, il applaudit l'actrice."

We could mention a striking example of this defect, in a deservedly favourite actress of the present day; but so difficult is it to look our own vices in the face, that she would probably not recognize the portrait if we should run the risk of holding it before her.

The following might be mistaken for a picture of the incomparable Siddons:

"Contemplez de Macbeth l'épouse criminelle,
Sous ces murs, où son roi fut égorgé par elle;
Cette femme s'avance aux yeux des spectateurs,
Et vient, en sommeillant, expier ses fureurs.
L'inflexible remord, dont elle est la victime,
Agite son sommeil des horreurs de son crime.
Ses bras sont teints de sang, qu'elle détache en vain ;
Sous la main qui l'efface il reparoît soudain;

J'admire en frissonnant; ô muette éloquence !

Quel mouvement! quel geste! et sur-tout quel silence!"

Indeed, the poet's talent is peculiarly adapted to description. Take, for instance, the happy picture of Tartuffe.

"Jouez-vous le Tartuffe ? observez d'autres loix;
En sons pieux et lents mesurez votre voix ;
De ce fourbe imitez le mystique sourire,
Lorsque son œil dévot s'attache sur Elmire;
Lorsque, laissant errer une indiscrète main,
Des genoux chatouilleux il monte jusqu'au sein ;
Avec suavité médite un adultère,

Et veut, au nom de Dieu, déshonorer son frère."

Or the following portrait of (we believe) Gaussin :

"Ah! si la scène encore offroit à notre vue
Cette actrice adorée, et trop tôt disparue,
Qui par son enjouement savoit tout animer,
Et que, pour son éloge, il suffit de nommer!
Je vous dirois sans cesse, ayez les yeux sur elle;
Et je croirois tout dire, en l'offrant pour modèle.

Il me semble la voir, l'œil brillant de gaîté,
Parler, agir, marcher avec légéreté,
Piquante sans apprêt, et vive sans grimace;
A chaque mouvement acquérir une grace,
Sourire, s'exprimer, se taire avec esprit,
Joindre le jeu muet à l'éclair du débit,
Nuancer tous ses tons, varier sa figure,

Rendre l'art naturel, et parer la nature.
Vous, qu'elle-même invite à marcher sur ses pas,
Emules en talens, rivales en appas,

Luzzi, jeune Fanier, volez dans la carrière;
L'Amour en souriant vous ouvre la barrière,
Tresse un myrthe nouveau pour orner vos attraits,
Et ba dest mains lui-même en voyant vos succès."

Or this:

"Quel souvenir cruel se mêle à ces images!
Le talent qui n'est plus, veut encor des hommages.
Tendre Guéant, mon cœur ne t'oublîra jamais.
Puissé-je dans mes vers ranimer tes attraits!
Combien elle étoit simple, intéressante, et belle!
Amour, tu t'en souviens, tu lui restas fidelle.
La douce illusion accompagnoit ses pas :
Les Graces l'inspiroient, et ne la quittoient pas.
Amour, graces, beauté, rien ne la put défendre :
La tombe s'entr'ouvrit, il y fallut descendre.
Ainsi l'étoile brille, et bientôt, à nos yeux,
En mourantes clartés semble quitter les cieux.
Que dis-je ? elle respire: il est d'heureux ombrages,
Asyles des héros, des belles, et des sages.

Sous ces berceaux rians, et fermés aux douleurs,
Près de Ninon peut-être elle cueille des fleurs :
Peut-être qu'à Maurice, élevé sur un trône,
De myrthe et de lauriers, elle offre une couronne,
Se rappelle des vers, qu'il lui fait déclamer,
Et n'envie aux mortels que le plaisir d'aimer.—
Mais quoi! quelle beauté s'avance sur la scène?
Le sentiment conduit sa démarche incertaine.
Sa voix se développe en sons doux et flatteurs ;
Son œil est un rayon qui luit au fond des cœurs.
Sur ce front ingénu quelle grace enfantine!
C'est la naïve Hébé qui sourit et badine:
C'est la rose qui naît, qui va s'épanouir,
Lentement se déploie, et craint de s'entr'ouvrir :
Charmante Doligni, puis-je te méconnoître ?
Toi, si chère à l'Amour, que tu braves peut-être,
Poursuis; ce dieu léger, qui brigue tes faveurs,
Séduit par les attraits, est fixé par les mœurs."

The episode of the nymph and the fawn, in the fourth canto, is a still more striking example of the descriptive power;

and is a favourable specimen of the author's facility of versification.

"Indifférente et libre, une nymphe des bois,

Pour seule arme aux amours opposoit son carquois,
Et souvent renversoit de ses flèches rapides
Le faon, aux pieds legérs, et les biches timides.
Errante, l'arc en main, de réduit en réduit,
Un faune l'apperçoit, s'enflamme et la poursuit.
Voyez les mouvemens dont leur ame est atteinte;
Et l'aile du desir et le vol de la crainte.
Ils s'éludent tous deux par d'agiles détours:
Le faune joint la nymphe; elle échappe toujours.
Elle se sauve enfin tremblante, sans compagne,
Et gagne, en haletant, le haut d'une montagne.
Là, se laissant aller près d'un arbre voisin,
Son col abandonné touche aux lis de son sein.
Le faune reparoît: il tressaille de joie,

Et retrouve sa force, en retrouvant sa proie.

Ses
yeux sont des flambeaux; ses pas sont des éclairs :
Une flèche est moins prompte à traverser les airs.
"La colombe se lasse, et sent foiblir son aîle :
Au front de son amant l'espérance étincelle :
Il va toucher, il touche au terme de ses vœux;
Son souffle de la nymphe agite les cheveux;
Il la tient dans ses bras, il demande sa grace:
Le faune s'embellit, la nymphe s'embarrasse,
Se livre par degrés à ce trouble enchanteur,
Tombe, se laisse vaincre, et pardonne au vainqueur."

We were scarcely less pleased with the animated descrip tion of the temple of the Tragic Muse, and especially that part in which the poet turns aside from his subject to pay his compliment of veneration to the living deity of the drama:

"Les yeux étincelans, quel vieillard dans ce lieu,

Environné d'autels, semble en être le dieu?

Un mortel moins altier, assis au même trône,
Reçoit des mains du Goût sa brillante couronne.
Leur terrible rival, pour tracer ses tableaux,

Dans le sang et les pleurs trempe ses noirs pinceaux.
Et leurs lauriers épars, couvrant le sanctuaire,
Viennent se réunir sur le front de Voltaire. I'
La grande actrice, admise en ce séjour divin.
Marche et s'enorgueillit près du grand écrivain.

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